Encore une comparaison sans fondements aucun.

J’ai pratiqué, après le Judo et une belle ceinture noire élimée, le Jiu Jitsu Brésilien pendant plusieurs années. Moins longtemps que l’IBM i mais assez pour avoir un regard critique sur ce sport.

Lors de ma première séance, je suis arrivé en me disant : ils portent des judogis comme au judo, donc mêmes sensations. C’est du Ne Waza (techniques de Judo de travail au sol). Je suis ceinture noire de judo et j’ai gagné la majeure partie de mes combats au sol (étranglements, clés, immobilisations, …on ne parle que de ceux que j’ai gagné, je me suis aussi bien des fois et beaucoup plus souvent ramassé !), ce ne sera donc qu’une variante, une distraction avec quelques accommodements mineurs.

Lors de ce premier entraînement je commence mon combat, comme le veut la règle, debout. Soudain, à peine l’ai-je touché que mon partenaire se jette au sol . Etrange… Il abandonne ? Je le suis au sol et commence à chercher l’immobilisation, ou, délice suprême, la clé, ou, encore mieux (et plus rapide) l’étranglement. On est pressé ou on ne l’est pas. Je suis un artiste du Ne Waza quand même. J’en ai tordu, foulé, retourné des articulations. J’en ai serré des gorges, bloqué des trachées, évanoui des adversaires. Mon surnom : l’étrangleur de Boston. Ne me demandez pas de tout expliquer.

C’est à ce moment que je me suis aperçu que l’espèce humaine est ainsi faite qu’en fonction des circonstances, l’humain de base, homo sapiens sapiens, homo erectus, plutôt homo applatus (ce n’est pas latin mais c’est un sport brésilien à l’origine japonaise, je suis français avec des origines diverses alors le latin… et en plus on est au sol !) est capable de multiplier ses membres : mon adversaire/partenaire bloque tous mes mouvements comme s’il avait 10 bras et 20 jambes. Chaque tentative de saisie se solde par un blocage par un pied ou une main.  Je ne peux plus avancer ni reculer. Je fini par me faire submerger et… dominer.

Je fais la technique, bien connu en judo de la tortue et j’attends que cela passe. Réaction de l’adversaire/partenaire : qu’est-ce que tu fais ?  Je réponds : je me mets en protection. « Ok mais tu sais ça ne marche pas comme ça ici » a-t-il répondu avant de me faire une prise de dos-étranglement-soumission et…abandon de ma part. J’ai recommencé maintes fois et à chaque fois je me suis retrouvé dans une pareille situation pour qu’enfin, au bout de quelques années d’efforts, de « pose ton oreille sur sa cuisse », « tu as la tête dans son c*l, profites en » (c’est bizarre à dire mais c’est vrai), », j’obtienne enfin un résultat, ma ceinture bleue et que le prof me dise : « enfin tu m’as écouté ».

Quel rapport avec l’informatique ?

Je suis parti confiant, sûr de moi, bille en tête dans un environnement qui bien que ressemblant n’était pas le mien. Comme ces personnes qui viennent en clientèle et savent déjà ce qu’ils vont vous proposer, catalogue sous le bras, sans analyser. Je me suis heurté à un mur de bras de jambes et j’ai tenté de passer en force sans écouter ce que l’adversaire/client me disait : « qu’est-ce que tu fais ? Ça ne marche pas comme ça ici. »

Oui, effectivement, à une situation donnée on doit appliquer une solution adaptée et non pas fournir une solution auquel le problème devra s’adapter.

Il y a, au-delà de la technique, un client avec une situation qu’il faut analyser. Il faut aussi parler le langage du client ou du moins essayer de le comprendre, connaître ses codes, ses règles, ses contraintes et quelquefois se dire, lui dire, qu’il n’y a pas de solutions (simples) à son problème.

Combien de sociétés ont acheté une solution, ERP ou autre, un produit et ont dû s’adapter à lui ? Ou plutôt adapter leur problématique au produit. A un moment, si la solution ne marche pas, il faut savoir dire stop, revenir à la base et reconstruire à partir de ce que l’on sait et de ce que l’on voit. Il y a suffisamment de problèmes à régler pour ne pas s’en rajouter. J’ai fait la tortue, j’ai ajouté une solution à un problème qui ne fut qu’un problème de plus à gérer et j’ai donné le bâton pour me faire battre.  Je suis ce que je suis, avec mon expérience, mes habitudes. Mais devant il y a un adversaire/client avec ses problèmes et qui ne connaît de la tortue que la soupe. Quand j’ai fini par comprendre qu’il fallait que je me serve de mon expérience comme base et pas comme solution et que j’adapte la réponse, ma réponse, j’ai fait un grand pas et pour mes adversaires/clients ou plutôt mes partenaires/clients, nos partenaires/clients c’est un pas, de tortue certes, mais dans la bonne direction.